D'après « Le Figaro », paru en 1913
Où il est question d'un charretier exerçant dans les Côtes d’Armor voici un siècle, qui se voit reprocher de recourir à 4 bœufs et 2 chevaux, l’ensemble étant en effet considéré comme un attelage de 6 chevaux...
Joseph Le Gloannec exerce à Gouarec (Côtes-du-Nord), la profession de charretier. Un beau jour d'octobre 1912, il se vit dresser un procès-verbal pour avoir contrevenu aux dispositions de l'article 2 de la loi du 30 mai 1851, de l'article 3 du décret du 10 août 1852, qui interdisent la circulation des voitures à deux roues servant au transport des marchandises, lorsqu'elles sont attelées de plus de cinq chevaux.
Que reprochait-on exactement au charretier Le Gloannec ? Simplement d'avoir fait circuler, une voiture attelée non pas de plus de cinq chevaux, mais de deux chevaux et de quatre boeufs.
— Mais, disait Le Gloannec, un bœuf n'est pas un cheval ; la loi ne parle que de chevaux !
— Pardon, lui dit le conseil de préfecture, un bœuf ou un cheval, pour la loi, c'est la même chose.
Le Gloannec n'étant pas absolument convaincu, mais étant entêté, soumettait en juin 1913 cette grave question au Conseil d'Etat. Mais dix conseillers d'Etat ont été unanimes à décider, que c'est avec raison que le sieur Le Gloannec a été condamné, car, aux termes des articles des lois précités, « il ne peut être attelé aux voitures servant au transport des marchandises plus de cinq chevaux, si elles sont à deux roues ; cette disposition doit être entendue en ce sens, qu'elle prohibe l'emploi de plus de cinq bêtes de trait pour des voitures attelées, même pour partie seulement, de chevaux »
Le charretier Le Gloannec aura donc à payer cinq francs d'amende. Et pour ces cinq francs, il a mobilisé le Conseil de préfecture et le Conseil d'Etat.