Paul Meyer, élu le 30 mai 1883 membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, communiqua bientôt à celle-ci le plus ancien document poétique sur Jeanne d'Arc : une ballade contre les Anglais qu'il avait trouvée dans les Archives du département de la Drôme et qui paraît avoir été composée en 1429.
Ariere Englois, tornez ariere,
Vostre sort si ne resgne plus ;
Pensés deu treyner vous baniere
Que bons Fransois ont rué jus,
Par le voloyr dou roi Jhesus,
Et Janne, la douce pucelle ;
De quoy vous este confondus,
Dont c'est pour vous dure novelle.
De trop orgueilleuse maniere
Longuemen vous estes tenus.
En France est vous [tre] se met [i] ere.
Dont vous estes pour foulx tenus.
Faucement y estes venus,
Mès, par bonne, juste querelle,
Tourner vous en faut tous camus ;
Dont c'est pour vous dure novelle.
Or esmaginés quelle chiere
Font ceulx qui vous ont soustenus
Depuis votre emprisse premiere ;
Je croy qu'i sont morts ou perdus,
Car je ne voys nulle ne nus
Qui de present de vous se mesle,
Sinon chetis e maletrus,
Dont c'est pour vous dure novelle.
Pour vous gages, il est conclus,
Aiés la goute et la gravelle,
Et le coul taillé rasibus,
Dont c'est pour vous dure novelle.
Illustration : Jeanne d'Arc