Extrait de « Staelliana ou Recueil d'anecdotes, bons mots, maximes, pensées et réflexions de Mme la baronne de Staël-Holstein », paru en 1820
Bonaparte n'aimait pas qu'une femme se mêlât de balancer les intérêts de l'Etat. A l'époque où il n'était encore que général, il se trouva dans un cercle, où Madame de Staël venait, dans une espèce de dissertation aussi spirituelle que bien raisonnée, de juger les différents partis qui avaient successivement gouverné la France.
Tout le monde joignait osn avis au sien et applaudissait à son esprit. Bonaparte seul se taisait, et elle s'en aperçut. « Eh bien ! général, est-ce que vous n'êtes pas de mon avis ? — Madame, je n'ai pas écouté, parce que je n'aime pas que les femmes se mêlent de politique. — Vous avez raison, général, répondit l'aimable raisonneuse ; mais dans un pays où on leur coupe la tête, il est naturel qu'elles aient envie de savoir pourquoi. »
Illustration : le général Bonaparte