D'après « Revue de France », paru en 1871
Si l'on en croit le roman des Mousquetaires d'Alexandre Dumas, toutes les maisons de Paris étaient déjà numérotées sous Richelieu. Or elles ne commencèrent à l'être qu'en 1787, et ce ne fut qu'en 1805 que cette innovation fut généralisée.
L'Almanach dauphin ou Tablettes royales du vrai mérite et d'indication générale des artistes célèbres, pour l'année 1778, a encore recours aux anciens procédés pour indiquer les adresses, tandis que celui de 1787 emploie les numéros.
Remarquons cependant que les soixante-trois maisons du pont Notre-Dame firent exception dès 1512. En effet, un citoyen de Metz, Philippe de Vigneulle, nous apprend dans ses mémoires qu'elles furent alors numérotées.
« En ceste année mil Vc et XII, fut achevis le pont Nostre-Dame de Paris, lequel avoit esté cheus et fondus en la rivière, comme j'ay dit devant en l'an mil IIIIc iiijxx et XIX (1499). Et fut ledit pont la plus belle pièce d'oewre que je vis oncques et je croys qu'il n'y ait point de pareille pont à monde, sy biaulx ne sy riche et y a sus ledit pont lxiij (63) maixons, et chascune maixon sa bouticque ; lesquelles maixons avec les bouticques sont faictes sy très fort semblables et pareilles, tout en grandeur comme en largeur, qu'il n'y a rien a dire et a une chascune maixon une escripture sur son huis, faite en or et en azur, là où est escript le nombre de ycelle maixon, c'est assavoir en comptant une, ij, iij, jusques à lxiij. »
« On ne s'explique pas bien, dit le comte Delaborde, après avoir cité ce passage, comment un moyen aussi simple de se reconnaître dans une ville, a pu être employé dans une de ses rues (le pont Notre-Dame était une véritable rue) pendant deux siècles et demi, sans que l'idée soit venue de l'étendre à toutes les maisons. »
Illustration : Le Pont Notre-Dame en 1560