La désignation de petits crevés donnée à certains jeunes gens de mise ridicule fut adoptée, vers 1870, comme argot professionnel par des chemisiers et des blanchisseuses pour désigner plusieurs de leurs clients du monde élégant, qui se faisaient remarquer par le luxe habituel de leurs chemises garnies de petits crevés ou garniture bouillonnée.
Ce fut à un gentleman dont le nom était d'une prononciation difficile, et dont la recherche luxueuse en ce genre était connue, que le sobriquet fut d'abord appliqué. Ses fournisseurs l'appelèrent longtemps le monsieur aux petits crevés, puis petit crevé tout court. Le mot passa naturellement à d'autres. Cette expression était du reste renouvelée de celle de gros crevés, par laquelle, sous Louis XIII, on désignait les seigneurs dont les pourpoints avaient ce genre d'ornement. On pouvait voir, à Rome, au temps de Pie IX — pape de 1846 à 1878 —, un petit prince allemand qui avait la manie de ce costume et qui figura ainsi dans une procession. Les Suisses de la garde du pape portaient aussi un uniforme à gros crevés. On disait aussi une grosse crevée en parlant d'une femme.
Cette appellation, au surplus, a une origine commune avec la presque totalité des termes de ce genre qui ont été en vogue dans le langage des précieux à diverses époques ; tous avaient trait à une particularité de la toilette des personnages.
Illustration : Le Gommeux, terme en vogue vers 1875-1880 pour désigner les successeurs des gandins, dandys et autres petits crevés
LM 03/01/2018 14:03
europetravel101 19/05/2015 08:00