Gustave Flaubert (1821-1880) ne pouvait souffrir Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889), qui, comme lui, était Normand, et, comme lui, avait la passion du style. « Lisez donc Fromont et Risler de mon ami Daudet, et Les Diaboliques de mon ennemi Barbey d'Aurevilly, écrit-il à George Sand (lettre du 2 décembre 1874 ;
Correspondance, t. IV, p. 207). C'est à se tordre de rire. Cela tient peut-être à la perversité de mon esprit, qui aime les choses malsaines, mais ce dernier ouvrage m'a paru extrêmement amusant ; on ne va pas plus loin dans le grotesque involontaire. »
Et dans une lettre à Maupassant (sans date, t. IV, p. 380) : « Te souviens-tu que tu m'avais promis de te livrer à des recherches dans Barbey, d'Aurevilly (département de la Manche). C'est celui-là qui a écrit sur moi cette phrase : Personne ne pourra donc persuader à M. Flaubert de ne plus écrire ? Il serait temps de se mettre à faire des extraits dudit sieur. Le besoin s'en fait sentir. »
Barbey d’Aurevilly aimait ces verdicts draconiens et sans appel. De même qu'il voulait condamner Flaubert à ne plus écrire, il déclarait qu' « à dater des Contemplations, M. Hugo n'existe plus ».
Illustration : Gustave Flaubert