D'après « Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris », paru en 1894
La croyance suivante existait encore à la fin du XIXe siècle dans le canton de Thiviers (Dordogne) : « Un Roitelet tué le jour des Rois, enfilé dans une verge de noisetier, exposée au feu tournera tout seul ».
François Daleau, membre de la Société d’anthropologie de Paris, rapporte qu’un périgourdin, ancien berger, lui ayant dit avoir fait souvent pareille cuisine, ajouta que quel que soit le gibier et même le jour, la broche tournait. Comme saint Thomas, notre spécialiste a tenu à voir pour croire, et voici ce qu’il affirme avoir constaté de visu.
En janvier 1894, un malheureux moineau, tué d'un coup de fusil, fut plumé et embroché avec une jeune tige, verte, de noisetier – les deux extrémités de cette broche en bois ayant été appuyées sur deux chenets en fer (que les bergers remplacent par deux petites fourches en bois), le tout fut exposé devant un feu ardent – au bout de quelques minutes, la broche et l'oiseau ont tourné, d'abord très lentement, puis un peu plus vite jusqu'à ce que cuisson s'en suive.
Il va s'en dire que cette broche primitive tourne moins vite que celles que l'on adapte aux tournebroches modernes, explique Daleau, qui écrit que ce mode de cuisson lui a remémoré un système employé par les tonneliers girondins, dit la broche à la ficelle : on suspend une pièce de viande à une corde attachée à un clou fixé au manteau de la cheminée, dans laquelle brûle un bon feu. Le rôti, mis en mouvement par la ficelle qui se tord et se détord, arrive à cuire aussi bien qu'à la broche (mieux, disent les tonneliers). Il est entendu que le chef improvisé active le mouvement en tordant la ficelle de temps en temps.