D'après « Le Caméléon, ou Recueil mensuel de morceaux de littérature, etc. », paru en 1837
Un homme se présentant dans une voiture de poste, attelée de quatre chevaux, à l'une des barrières de Paris, en 1793, et expliquant qu'il avait oublié sa carte, on le somma de décliner son nom.
— Monsieur le Marquis de Saint Cyr, répond le valet empressé assis sur le siège.
— Citoyen, ignores-tu qu'on ne dit plus Monsieur maintenant ?
— Le Marquis de Saint Cyr, reprend celui-ci, en se corrigeant.
— Il n'y a plus de marquis non plus ; ils sont abolis, ainsi que les comtes et les barons.
— De Saint Cyr, alors.
— Pas de De s'il vous plaît ; c'est une distinction, et il n'en existe plus.
— Eh, dites donc Saint Cyr tout court, s'écrie le maître impatienté.
— Allons donc ! avec son saint, d'où vient-il celui-là ? Nous ne connaissons pas les saints ; on nous a débarrassés de tout ça ; nous ne reconnaissons plus que la république et l'Être Suprême. Voyons ! ton nom, et dépêchons-nous.
— Cyr.
— Bah ! Cyr ! (sire) avec un nom comme ça, vois-tu ; tu seras bien heureux si tu ne vas pas à la guillotine ; crois-moi, change-le.
— Cependant, comme ton passeport est en règle, tu peux passer pour cette fois.